Faux : Aucune étude scientifique ne prouve que la consommation excessive du paracétamol pendant la grossesse rend les garçons «efféminés»

Déclaration
Je ne sais pas si vous avez constaté que les garçons sont de plus en plus efféminés. Je crois sur la base des études que c’est l’excès de paracétamol que les femmes prennent durant la grossesse. Certaines en prennent juste pour dormir.
Auteur
Verdict
Faux
Une publication largement partagée sur Facebook affirmant qu’une consommation excessive de paracétamol pendant la grossesse provoquerait une «effémination» chez les garçons. Après vérification par notre équipe, aucune recherche scientifique ne prouve cette assertion.

Une publication largement partagée sur Facebook affirmant qu’une consommation excessive de paracétamol pendant la grossesse provoquerait une «effémination» chez les garçons. L’auteure de cette affirmation évoque des études pour appuyer ses propos, et en commentaire cette dernière illustre deux sources en commentaires. Après vérification par notre équipe, aucune recherche scientifique sérieuse ne prouve un lien direct entre la prise de paracétamol et l’apparition de comportements dits « féminins » chez les garçons. D’ailleurs, le terme « efféminé » est une notion, souvent utilisée de façon négative, pour décrire des attitudes des garçons ou des hommes qui adoptent des comportements, attitudes ou expressions de genre perçus comme « féminins ». 

Depuis le 19 juin 2025, une publication  virale de la page Santé et Prévention sur Facebook affirme que « l’excès de paracétamol pris par les femmes enceintes serait responsable du fait que les garçons deviennent de plus en plus efféminés ». Ce message partagé par des milliers d’internautes et signé par une infirmière camerounaise, s’appuie sur deux études scientifiques censées valider cette déclaration.

Dans un contexte  social déjà sensible autour des questions de genre et de santé publique, cette affirmation a suscité de nombreuses réactions de 1,1k j’aimes, 220 commentaires et 269 partages et relancé les débats sur les effets du paracétamol pendant la grossesse.

Vérification

Pour vérifier cette affirmation, notre équipe a examiné les deux sources citées par l’auteure de la publication, analysé les études scientifiques existantes via Google Scholar, PMC et PubMed et consulté les recommandations officielles des autorités sanitaires et l’avis  des experts via les articles de fact-cheking existants.

Face à des contradicteurs en commentaire sur sa publication, l’auteure a cité deux sources pour étayer ses propos. Il s’agit de Nela Birth Cohort et une autre étude intitulée « Utilisation du paracétamol pendant la grossesse – un appel à la prudence ». En effet, Nela Birth Cohort Study a examiné l’effet de l’exposition prénatale au paracétamol pendant la grossesse sur le développement neurocomportemental des enfants à 1 an. Elle a observé des légères associations entre une exposition prénatale prolongée au paracétamol et certains profils comportementaux, dont une augmentation des comportements dits inattentifs ou hyperactifs chez les garçons.  Aucun passage ne fait état de « garçons efféminés ». Par ailleurs, Paracetamol use during pregnancy – a call for precautionary action fait appel à la prudence signé par 91 scientifiques alerte sur des potentielles perturbations neuro développementales ou urogénitales telles que la cryptorchidie (Testicule qui n’est pas descendu dans le sac de peau sous le pénis avant la naissance) la distance anogénitale raccourcie. Il n’établit aucun lien avec des comportements  efféminés. Les auteurs appellent simplement à un usage prudent, à la dose minimale efficace et uniquement sur recommandation médicale. 
Des travaux comme ceux de  Van den Driesche  (2015) et  Hay‑Schmidt  (2017), menés sur des souris suggèrent qu’une  exposition prolongée surtout  pendant des périodes sensibles du développement foetal au paracétamol (N-acétyl-p-aminophénol, APAP), également connu sous le nom d’acétaminophène) pourrait affecter la production de la testostérone chez le fœtus. Cela pourrait influencer le développement sexuel, mais pas les comportements de genre. Comme toujours en recherche biomédicale, les résultats obtenus chez l’animal ne peuvent être extrapolés directement à l’humain sans preuves solides.

L’ANSM, l’’OMS et la HAS et d’autres organismes de référence  comme l’indique l’un des articles de la Revue du praticien considèrent le paracétamol comme un traitement de première intention contre la douleur pendant la grossesse, à condition qu’il soit pris  à dose minimale efficace, sur une durée courte et sous supervision médicale. 

Ces autorités  non plus ne montrent aucun lien entre la prise du paracétamol au cours de la grossesse et la féminisation des garçons. Aucun des experts interrogés dans les publications de fact-cheking consultées ne valide l’affirmation de la page Santé et Prévention. Bien au contraire, tous soulignent l’absence des preuves scientifiques liant la prise de paracétamol pendant la grossesse à un supposé comportement “efféminé” chez les garçons.  C’est notamment ce qui ressort de plusieurs enquêtes menées par des médias spécialisés, dont AFP Factuel, Les Surligneurs, Marie Claire et CongoCheck.

Conclusion 

Aucune étude scientifique sérieuse ne démontre que le paracétamol pris par les mères pendant la grossesse rend les   garçons “efféminés”. Certaines études animales et épidémiologiques ont montré des perturbations possibles sur les hormones  ou le développement des organes sexuels, mais aucun lien n’a été établi avec des  comportements de genre.Cette affirmation repose sur une mauvaise interprétation des données scientifiques et entretient des stéréotypes nuisibles. Elle relève de la désinformation médicale et sociale.

Cette publication s’inscrit dans le cadre des efforts continus de vérification des faits menés par KubaaruCheck, visant à analyser les contenus identifiés comme potentiellement trompeurs sur Facebook, TikTok, X (anciennement Twitter) et d’autres réseaux sociaux.

Cette vérification a été rédigée par la fact-checkeuse Agnès Ekounda et éditée par Garaobe Salomon, et approuvée par Jean Besane Mangam, rédacteur en chef de KubaaruCheck. Ceci est une initiative soutenue par l’Association pour l’Éducation à la Citoyenneté Numérique (DigiEduCivic), qui encourage l’esprit critique et la responsabilité numérique auprès du public.    

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